Pourquoi sommes-nous Charlie ? L’attentat qui a eu lieu mercredi 7 janvier dans les locaux de Charlie Hebdo ne peut nous laisser indifférents. Pourquoi ? Parce que nous sommes Charlie ? D’accord, mais en quoi ?
En un mot, nous sommes Charlie parce que nous sommes libertaires.
Ce n’est pas que nous soyons d’accord avec tout ce qu’a pu écrire ou dessiner Charlie Hebdo, et nous ne nous privons et ne nous priverons pas de le critiquer quand nous l’estimerons nécessaire. « Nous sommes Charlie », parce que la liberté n’a pas de prix. Dans l’aveuglement et la folie guerrière qui a poussé deux hommes, issus des classes populaires, à s’attaquer, armes à la main, à l’hebdomadaire satirique qui voulait opposer aux fanatismes religieux la seule force de la dérision, douze personnes ont été lâchement abattues.
De nombreuses voix s’élèvent aujourd’hui pour la défense de la liberté d’expression. Nous sommes l’une d’elles. Pour nous, aucun travailleur, aucun journaliste, aucun individu ne saurait être menacé, blessé ou tué pour son travail, les propos qu’il tient ou encore les avis qu’il émet. Mais nous devons aussi affirmer que c’est la désespérance sociale qui crée au sein de la classe ouvrière, de notre classe, des antagonismes communautaires, ethniques ou religieux.
Mais, il ne saurait y avoir de faux « consensus républicain » ou de prétendue « union nationale ». Surtout pas avec une extrême droite xénophobe, homophobe ou intégriste. Surtout pas avec les partis qui ont cherché à détourner la colère sociale due aux conséquences du capitalisme par des guerres prétendument « démocratiques » ou des discours stigmatisants contre les musulmans, les Roms, les sans-papiers, bref tous ces « étrangers ou immigrés » qui seraient responsables du chômage, de la crise et de tous les autres maux du monde. Surtout pas avec des dirigeants et des états qui ont créé de toutes pièces et largement financé les fondamentalismes religieux (des talibans à Ben Laden) et tant de dictatures (du Chili au Burkina Faso, de Duvalier à Ben Ali) à travers le monde pour leurs intérêts géopolitiques et économiques. Surtout pas avec ceux qui ont brandi la menace d’une « guerre de civilisations » pour instaurer un ordre sécuritaire et militarisé.
À aucun moment nous n’accepterons que cet attentat soit utilisé à des fins politiques racistes, haineuses ou sécuritaires, par ceux-là mêmes qui sont en grande partie responsables d’une situation sociale catastrophique, et qui brandissent les musulmans, les étrangers comme boucs émissaires.
Déjà, des discours et des actes racistes et sécuritaires apparaissent, la peine de mort repointe son nez... Il nous faut arrêter cette escalade. Ce n’est pas la peur et le repli identitaire qui doivent triompher mais la solidarité et la liberté.
La répression (militaire, policière ou judiciaire) ne fait que jeter de l’huile sur le feu, elle ne fait qu’accroître la violence et la haine. La criminels, quand les écoles créent prison crée des des hommes libres. La misère et le chômage créent la violence et la xénophobie, quand l’égalité sociale peut envisager la paix. Le pouvoir crée la corruption, la démagogie, et la soumission, quand l’autogestion cherche l’émancipation et le respect. Le communautarisme crée la haine, quand la solidarité de classe porte l’entraide et la fraternité.
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Publié le : | 18 janvier 2015 |
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