Non à la réforme libérale du bac !

La transformation du bac, diplôme national, entraîne des changements inacceptables du lycée général et de son rôle. Dès la rentrée 2018, c’est tout le lycée d’enseignement général qui devient une machine à sélectionner les travailleurs, exécutants d’un côté, chefs de l’autre. C’est pourquoi nous dénonçons la destruction massive d’une génération d’étudiants :

  • Si le bac n’est plus qu’une succession d’épreuves au contrôle continu, c’est la hiérarchie entre lycées qui va s’amplifier, et la concurrence entre « bons » et « mauvais » établissements. Centre-ville contre banlieue. Zone pavillonnaire contre cités. Devinez qui entrera à la fac à la fin ?
  • Ces temps d’évaluation sont pris sur ceux des apprentissages, alors qu’il faut plus de temps pour assimiler et donner sens à des connaissances éparses.
  • Si l’enseignement est semestrialisé et que cinq matières « nobles » seulement sont passées en examen final, ça ne veut pas dire que les élèves auront moins de pression et moins de bachotage. Au contraire ! c’est à chaque instant qu’ils seront évalués, notés, mis en compétition, avec des dossiers scolaires numérisés qui détermineront leur avenir. Gare au faux-pas, de la maternelle à la sélection finale en fac.
  • Si on valorise l’interdisciplinarité et l’oral, c’est encore et toujours au détriment des plus fragiles, qui sont toujours ceux pour qui les codes de ce genre d’exercice sont les plus inégalitaires.
  • Si les professeurs principaux donnent leur avis sur tous les vœux d’orientation des élèves, sélectionnés ensuite à la fac selon des critères obscurs, leur mission première n’est plus de former des esprits pour leur autonomie : ils ne sont plus enseignants, ils sont sélectionneurs de la dream team des études supérieures pour petits cadres, et ramasseurs d’ambitions brisées pour les autres.
  • Éparpillement des savoirs qui permettent de penser le monde, hiérarchie entre des matières dont certaines seraient plus utiles que d’autres, saupoudrage de culture générale au nom de « parcours individualisés » qui permettront au mieux d’acquérir un vernis de culture pour les meilleurs, et laisseront tous les autres les mains vides.

Le lycée général est en train de devenir une usine à formater les travailleurs, dans lequel les enseignants eux-mêmes sont en train de changer de métier : du cours en ligne au tutorat et l’accompagnement dans l’orientation, l’enseignant n’est plus celui qui permet de transmettre une connaissance du monde pour que chacun se l’approprie, il devient une espèce de coach, de manager d’entreprise chargé à tout instant de vérifier l’acquisition de compétences creuses-mais utiles à l’entreprise. Et à l’entreprise seulement. Ce n’est pas de cette école que nous voulons. Ce n’est pas l’éducation que nous voulons pour nos enfants. Ce n’est pas le monde que nous voulons leur refiler comme une patate chaude. Nous exigeons :

  • La valorisation des filières professionnelles et technologiques, mais aussi de toutes les matières qui sont actuellement enseignées dans le secondaire, car nous pensons qu’on apprend par la pratique, qu’on pense avec ses mains autant qu’avec son cerveau, et que tous les métiers qui découlent d’un goût et d’une pratique sont d’égale valeur.
  • L’exigence pour tous. Qu’on arrête de penser que les « mauvais élèves » doivent faire la même chose que les autres en moins bien, mais que chacun apprenne à s’exprimer clairement dans la langue qu’il partage avec les autres, apprenne à lire des œuvres ambitieuses, apprendre à produire des raisonnements complexes.
  • La suppression de l’évaluation incessante au profit d’une réelle appropriation des connaissances et des compétences par l’expérience vécue et l’expression personnelle, dans la salle de classe et en-dehors.
  • La transformation profonde des rôles dévolus aux élèves dans l’institution : moins de responsabilités fictives et réduites à celles du super-délégué sur ses camarades, mais plus d’apprentissage du collectif, de la responsabilité commune, de l’intérêt général ; plus de pouvoir décisionnel des élèves dans les établissements et de confiance dans leurs capacités à gérer les intérêts de la collectivité.
  • Une école de l’émancipation, qui permette à chacun.e d’acquérir des outils de pensée pour transformer la réalité sociale et politique qui l’entoure.
Auteur : CNT STE 94
Publié le : 8 février 2018
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