On ne peut pas envisager les migrations en se focalisant sur ce que l’on a sous les yeux.
Si des femmes, des hommes et des enfants sont arrivés en France, ce n’est pas par choix, mais bien dans une perspective de survie contre un système capitaliste de plus en plus prédateur qui, lorsqu’il est en crise ou a besoin de ressources, engendre des guerres atroces.
Envisager un « tri » entre « réfugiés » et « migrants économiques » est moralement écœurant. Mais c’est aussi vouloir imposer une vision du monde profondément malhonnête.
Cette vision du monde serait réduite à deux entités, les pays développés et ceux qui ne le sont pas, la civilisation et la barbarie. L’esprit moralisateur des pays dits « occidentaux » n’est là que pour cacher la soif toujours plus insatiable des entreprises comme Bolloré, Vivendi ou Areva envers les régions qui regorgent de richesses en matières premières. L’encre des signatures des traités d’indépendance des anciennes colonies était à peine sèche que les colonisateurs de jadis cherchaient de façon plus sournoise à maintenir leur emprise sur leur chasse gardée. C’est ainsi que fut créée la Françafrique, réseau politique officieux permettant à l’Hexagone de maintenir sous son joug un certain nombre de pays africains. Ainsi les marchandises, quand il s’agit de vendre, peuvent circuler librement, contrairement aux individus, qui meurent quotidiennement en se heurtant aux frontières que nos gouvernements successifs rendent quasi infranchissables.
Lorsque des femmes, des hommes et des enfants arrivent en Europe au bout d’un périple traumatisant, leur calvaire n’est pas fini. Ces dernières années, les politiques migratoires ont rendu de plus en plus difficile l’accès au droit d’asile et aux autres droits auxquels ils pouvaient prétendre. Et c’est ainsi que, privée de tout, cette population devient une main-d’œuvre corvéable à merci et presque gratuite.
Et malgré ce servage moderne, les migrants sont rendus responsables du chômage et des différents fléaux que génèrent les lois du marché (précarisation, bas salaires…).
Le fait de créer un bouc émissaire montre bien la paupérisation de nos esprits dans des sociétés où les crises économiques s’installent de façon pérenne. Le manque d’ouverture, le rejet de l’étranger, la violence raciste, le refus du métissage, le nationalisme, le repli sur soi ne sont que des conséquences néfastes des dominations imposées aux peuples par les États et le patronat.
La CNT réaffirme donc, conformément à ses principes internationalistes selon lesquels les travailleurs n’ont ni pays ni patrie, ses positions. D’une part, elle exige :
Et, plus généralement, la liberté de circulation, d’installation et de séjour, la suppression de toutes les frontières, la fermeture des centres de rétention, des zones d’attente et des prisons, l’égalité de salaire, de statut et de droits entre tous les travailleurs, migrants ou non, la suppression des restrictions d’accès à certaines professions pour les travailleurs étrangers et l’obtention généralisée de papiers donnant les mêmes droits pour tous, Français ou étrangers.
Se syndiquer à la CNT,
c’est porter ces revendications au quotidien et pratiquer l’entraide,
la solidarité, l’égalité entre toutes et tous, afin de reprendre nos vies en main.
Auteur : | |
Publié le : | 13 mai 2018 |
Partager : | |
Tweet | |
✚ Migrantes, migrants, le reflet d’un prolétariat moderne
|
|
Mots-clés |
|
|