« Il y a trop d’étrangers ; il n’y a pas de travail pour tout le monde ; la France n’est pas assez riche pour accueillir tout le monde ; notre civilisation est en danger ; l’insécurité augmente », etc. On ne compte plus les phrases et idées de ce genre prononcées à longueur de campagnes électorales par des candidats cherchant à rafler quelques voix supplémentaires pour être élus.
Il est temps d’en finir avec ces stupidités dangereuses.
Aujourd’hui comme hier, nous affirmons que les frontières, les nations, les « problèmes » d’immigration ne sont que des constructions des États et de la classe dirigeante pour diviser la classe internationale des travailleurs. C’est-à-dire nous, qui n’avons que notre force de travail pour subsister, que nous soyons salariés, chômeurs, étudiants ou précaires.
En effet, ce que cherchent les détenteurs du pouvoir économique et politique, c’est d’éviter à tout prix que « leurs sujets » se rendent compte qu’ils n’ont pas besoin d’être guidés et dirigés. Car le raisonnement est simple : il n’existe pas de patron sans ouvriers, et il n’existe pas d’État sans électeurs…
Et lorsque l’on voit dans quelle situation ces dirigeants nous ont conduits depuis un siècle (deux guerres mondiales, des dictatures en pagaille, des crises à répétition, une catastrophe écologique sans précédent, etc.), il n’est pas difficile d’imaginer que sans eux, on pourrait faire mieux. Et c’est bien cette idée, ô combien dangereuse pour leur pouvoir, qui les amène à nous inventer de faux ennemis et de faux problèmes.
Le premier de ces faux problèmes, la figure systématique utilisée pour faire peur et nous diviser, c’est bien entendu « l’étranger »… Variable d’ajustement du patronat et des États, véritable instrument de manipulation des foules, il est tout à la fois exploité comme main-d’œuvre sans droits et bon marché, puis pourchassé et réprimé comme responsable de tous les maux. Au gré des intérêts économiques et politiques, sans humanité aucune.
Car là où existent des frontières, des États et des classes sociales, il n’y aura jamais d’humanité, il n’y aura que des conflits et des guerres pour le pouvoir, des rivalités et des haines volontairement créées et entretenues. La seule humanité possible, c’est celle que porte un syndicalisme autogestionnaire et internationaliste, revendiquant et pratiquant ce qui fait le plus peur au patronat et aux États : l’égalité, la liberté et la solidarité.
Il n’est pas anodin que l’État français parle aujourd’hui de « délit de solidarité » comme il en parlait déjà en 1938 (décret-loi du 2 mai de cette année-là). Tout est dit dans cette expression. Et tout est dit dans notre revendication de cette solidarité, de ce principe d’entraide sans condition comme fondement de notre pratique syndicale quotidienne et de la société que nous souhaitons construire. Si la solidarité est un délit, alors nous sommes des « délinquants » et nous en sommes fiers.
Nous défendrons toujours la liberté de circulation et d’installation des êtres humains. Nous serons toujours du côté de celles et ceux qui risquent leurs vies et perdent leurs familles et leurs attaches pour essayer d’échapper à la mort et à la misère (que la France et ses multinationales ont d’ailleurs souvent contribué à créer…). Qu’on les appelle « migrants », « immigrés », « étrangers », « réfugiés », peu importe, ils sont nos camarades.
Comme tous les travailleurs qui doivent faire face aux mêmes patrons et aux mêmes États, aux mêmes guerres et aux mêmes menaces, à la même précarité et à la même insécurité sociale, ils sont de notre classe, ils sont nos égaux, ils auront toujours leur place en tant que tels dans notre organisation, et de ce fait dans notre projet de société sans États, sans frontières et sans classes. Nous leur disons définitivement bienvenue, bienvenue chez nous, dans nos quartiers, nos vies, notre syndicat et notre révolution ! Tout est à vous, tout est à nous ! Rien pour nous, tout pour tous !
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Publié le : | 22 mai 2018 |
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✚ Le faux problème de l’immigration
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