Larry Portis est né aux États-Unis, à Bremerton, Washington. Il a grandi dans une famille ouvrière à Seattle (Washington) et Billings (Montana). En 1968, il est sorti diplômé de l’Université d’État de Billings au Montana, où il fut très actif sur le plan politique. De 1965 à 1968, il a écrit le journal de l’université La Riposte et créé un journal clandestin La Presse libre étudiante. Pour gagner sa vie, plus tard il se mit à travailler et il participa aux luttes des employés de la compagnie des eaux. Il obtint une maîtrise et un doctorat en histoire en 1975 à l’Université du nord de l’Illinois où il soutint une thèse sur les débuts de la sociologie en France au XIXe siècle. Puis en 1974, il milita pour soutenir le syndicat des travailleurs agricoles de la région. À cette époque, il exerça plusieurs métiers pour gagner sa vie. C’est en 1977 qu’il quitta les États-Unis pour l’Europe où il voyagea et où il effectua plusieurs petits travaux.
En 1981, il commença à enseigner à l’Université américaine de Paris, où il créa une section CGT, puis dans plusieurs autres universités en France à Paris VII, à Paris X, à Clermont-Ferrand et à Paul Valéry de Montpellier, établissements dans lesquels il enseigna la civilisation américaine. Il a été membre de 1984 à 1989 de l’équipe éditrice des éditions Spartacus créée et dirigée par René Lefeuvre. Il fut aussi membre du comité de rédaction de la revue de sociologie L’Homme et la Société de 1987 à 2007. En 2002, il co-fonda le collectif Les Américains pour la paix et la justice à Montpellier pour dénoncer la guerre en Irak. Il a écrit de nombreux articles pour divers journaux, magazines et revues, dont Alternative Libertaire, Gavroche, Radical History Review, The Industrial Worker, Le Monde Libertaire, L’Homme et la Société, Film international, et pour de nombreux magazines en ligne, notamment CounterPunch, Watan, le Blog du film politique et Divergences. Larry a également écrit et publié des histoires courtes, certains d’entre elles ont été publiées aux États-Unis dans Intimités : Neuf histoires d’amour et autres émotions, et un roman : Le rêve américain.
À partir des années 80, il a publié en France plusieurs ouvrages extrêmement importants sur l’histoire du mouvement ouvrier : IWW et syndicalisme révolutionnaire aux États-Unis aux éditions Spartacus et Georges Sorel, textes choisis aux éditions La Découverte. Dans son œuvre, on retrouve différents thèmes : les classes sociales, la Palestine, l’extrême droite aux États-Unis, la chanson populaire… Larry a consacré une grande partie de son travail à l’histoire sociale de son pays d’origine. C’est grâce à ses recherches que nous avons découvert l’histoire des IWW, qui écrivirent les plus belles pages du syndicalisme aux États-Unis : la grève des ouvrières du textile, les premières grèves sur le tas, les luttes rassemblant les Noirs, les Latinos et les Blancs dans le sud ségrégationniste...
Hétérodoxe passionné de chanson populaire, Larry a publié deux beaux ouvrages La Canaille ! Histoire sociale de la chanson française aux éditions CNT et une anthologie des Chants qui ont changé le monde parue aux éditions Scali et co-écrite avec Christiane Passevant. On y trouve les chansons de la Commune, mais aussi celles de Pierre Jean de Béranger, de John Lennon, de Woody Guthrie ou de Bérurier Noir.
Nous gardons en mémoire tout particulièrement une soirée de mars 2009, à l’invitation de la CGT de Nanterre nous étions conviés en compagnie de Larry à présenter ensemble le livre de Franklin Rosemont : Joe Hill : Les IWW et la création d’une contre-culture ouvrière et révolutionnaire. Un moment historique où pour la première fois la CGT demandait aux éditions CNT de présenter un de ses ouvrages sur le mouvement ouvrier. Cette rencontre, en terres « communistes », fut pour nous tous – pour la plupart de vieux routards du mouvement libertaire – une sacrée surprise. Un événement inimaginable il y a trente ans…
La disparition brutale de Larry a suscité une grande émotion et une grande tristesse dans l’équipe des éditions CNT. Il était un compagnon avec qui nous avons eu plaisir à travailler, à publier. Il était doté d’une grande honnêteté intellectuelle, honnêteté dans la vie, dans le quotidien, d’une grande douceur, d’un grand sens de l’humour aussi qui rendait chaque tâche éditoriale très simple à ses côtés. Nous pensons en cet instant à Christiane Passevant, sa complice et sa compagne à qui nous transmettons notre témoignage d’amitié et de solidarité.
L’équipe des éditions CNT-RP
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Publié le : | 11 juin 2011 |
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