Nous constatons cette année des suppressions massives de classes dans les écoles maternelles et ceci particulièrement dans les communes les plus pauvres. Nous savons qu’un projet est déjà écrit pour transformer les écoles en jardins d’enfants. Cela permettrait au gouvernement de se décharger d’une partie des enseignants au profit d’un personnel communal. Les enfants de communes pauvres seraient donc scolarisés dans des jardins d’enfants avec très peu moyens humains ou matériels. Les familles aisées pourront toujours choisir le privé qui naturellement va se développer ! Ce projet annonce la fin d’une école maternelle unique sur tout le territoire.
C’est dans les départements les plus pauvres que le gouvernement donne le moins de moyens. Un élève de Seine Saint Denis coûte moitié moins d’argent à l’état qu’un élève parisien ! Il faut également savoir que sur l’ensemble de sa scolarité, un enfant du 93 perd une année scolaire d’enseignement à cause du non remplacement des enseignants absents. Les classes restent trop chargées en nombre et les difficultés sociales génèrent souvent des difficultés scolaires mais tous les dispositifs d’aide ont presque disparus. La nouvelle politique éducative ignore complètement cette partie de la population.
Les collèges subissent actuellement une baisse des dotations horaires alors que dans les académies les plus fragiles les élèves accumulent les difficultés .Ces heures en moins chaque année obligent à supprimer des dispositifs en effectifs réduits, seuls dispositifs qui permettent réellement de s’occuper des élèves les plus en difficulté. Les enseignants s’épuisent à lutter pour maintenir une qualité d’enseignement avec de moins en moins de moyens, de moins en moins de rémunérations diverses (IMP) et avec des classes de plus en plus chargées qui dépassent maintenant le seuil de 24 élèves en REP. C’est au collège que se manifestent clairement les résultats de ce tri social, l’orientation des élèves est révélatrice : dans les banlieues pauvres une majorité d’élèves sont dirigés vers des circuits courts, et des bacs professionnels. Le lycée général n’est accessible qu’à un petit nombre.
Le lycée s’insère grâce aux réformes du bac et de l’admission à l’université dans ce qu’il est désormais convenu d’appeler le continuum « bac – 3 / bac + 3 », expression très significative : l’orientation prend sur les temps d’apprentissage de la même façon que l’évaluation par la mise en place du contrôle continu qui doit remplacer une partie des épreuves nationales du bac. Il s’agit de soumettre et d’obséder les élèves à une sélection devenue plus difficile pour entrer à la fac, les critères opaques de cette sélection masquent surtout la très grande inégalité entre les lycées de banlieue dont très peu d’élèves seront admis dans les filières de leur choix et les lycées accueillant une population plus favorisée. Début juillet, plus de la moitié des bacheliers toutes catégories confondues n’ont encore reçu que des réponses négatives des universités demandées avec une très nette différence en fonction de leur établissement d’origine. À l’angoisse générée par cette situation, le secteur privé propose des réponses à ceux qui en ont les moyens. Les élèves issus de filières technologiques sont les grands perdants de ce système de plus en plus ouvertement sélectif : relégués en fin de seconde dans des voies qu’ils ont rarement choisies, ils savent qu’ils n’ont plus guère de chances de poursuivre des études universitaires. De plus les inégalités s’accroissent du fait que l’individualisation des enseignements n’a jamais été accompagnée de moyens : les classes de Lycée entassent généralement 35 élèves alors que les neurosciences tant vantées par l’entourage de Monsieur Blanquer incitent à tenir compte des difficultés d’apprentissage de chacun. Les professeurs sont soumis à une hiérarchisation croissante dans leurs établissements et à des injonctions contradictoires : la réussite de chacun et l’échec programmé de la plupart, avec les faibles marges de liberté et les moyens dérisoires dont ils disposent.
Le 28 mai le ministre Blanquer annonce la réforme qui finalise le schéma global du tri social. Les élèves vont devoir subir une baisse des enseignements généraux au profit de formation au service des patrons. Le Lycée va inculquer le culte de l’entreprise, faire le panégyrique de l’auto-entreprise en préparant les futurs travailleurs à un maximum de précarité. La baisse importante du volume horaire des enseignements généraux constituera un barrage sélectif à l’entrée à l’université. La création des bassins d’emploi augmentera les inégalités territoriales, le développement massif des apprentissages se fera au détriment des élèves et du personnel.
L’ensemble du parcours scolaire réservé aux élèves de la classe populaire révèle clairement le mépris de ce gouvernement qui met tout en œuvre pour maintenir de la chair à patron soumise et précaire.
La CNT a un autre projet pour l’école, une école dans laquelle les apprentissages peuvent s’effectuer avec de l’entraide et de la coopération ; la curiosité et la motivation deviennent les moteurs pour construire des savoirs et des savoir-faire. Les outils de la pensée sont des connaissances et les élèves doivent construire les liens pour qu’elles prennent sens. La CNT veut une école qui vise à donner à chaque personne un véritable accès au savoir, elle vise à participer à la construction d’ adultes responsables, actifs et non soumis, des jeunes et des adultes capables de penser par eux-mêmes en ayant le droit de choisir leur vie. Une école qui soit le lieu de l’émancipation !!!