Samedi 28 septembre : journée de réflexions sur la pédagogie et ses structures

Comment résister aux offensives libérales contre l’école publique ?

Si l’école publique n’est pas encore une entreprise comme les autres, elle n’est pas non plus le lieu de l’émancipation. Soumise à des injonctions de rendements de plus en plus forts, à une sélection accrue, à une standardisation de ses enseignements et de ses méthodes, elle peine à doter chacun d’outils pour se construire et changer le monde. Comment lutter ? La pédagogie suffira-t-elle à sauver l’éducation ? Créer des systèmes éducatifs parallèles, dans et en-dehors de l’école de l’état, permet-il de sortir de la logique du marché, ou mène-t-il au contraire à délaisser l’école publique pour tous au profit d’un libéralisme encore plus inégalitaire, et de bulles pédagogiques destinées aux plus aisés ou aux plus avertis ? Quelles leçons tirer des expériences d’enseignement autogestionnaires dans l’enseignement, en France et ailleurs ? Comment construire l’émancipation dans un cadre pensé pour fabriquer de bons exécutants ? Alors que les luttes des enseignants contre les réformes en cours montrent une forte mobilisation contre le système Blanquer, la réduction des moyens et la standardisation de l’enseignement, le syndicat CNT de l’éducation du Val-de-Marne invite à une réflexion critique sur les luttes pédagogiques et les "alternatives" au libéralisme dans l’enseignement.

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Programme

  • 10 heures : la marchandisation des savoirs, Hugues Lenoir
  • 11 heures : Vitruve, rassemblée générale, Gérard Delbet
  • 13 h 30 : Contre les dérives libérales de la pédagogie, Angélique del Rey
  • 14 h 30 : éduquer à la liberté ou livrer au marché ?, Miguel Benasayag
  • 15 h 30 : ce que l’éducation populaire apporte à l’école, Gurvan Bricaud

Cette journée de réflexions sur la pédagogie et ses structures, sur le service public et les tentatives d’autonomie, se déroulera autour de plusieurs interventions :

  • Hugues Lenoir est enseignant et chercheur en sciences de l’éducation. Il a produit de nombreux essais sur les pédagogies libertaires, leurs sources historiques, les expériences qui les ont mises en œuvre. Il s’est aussi penché sur les rapports entre école et éducation populaire, et la manière dont les méthodes développées dans l’éducation populaire ont pu contribuer à une pensée libertaire de l’éducation, prise au sens le plus large.
  • Angélique Del Rey est enseignante en philosophie, et elle est aussi l’auteur de l’essai A l’école des compétences. Elle y analyse la manière dont les logiques capitalistes, et les injonctions de l’OCDE, ne se contentent pas de peser sur les budgets de l’éducation dans ses états, mais influent profondément les pédagogies mises en œuvre pour atteindre des "objectifs" productivistes. Elle montre aussi comment les pédagogies innovantes peuvent se trouver perverties par la logique de marché qui les fait appliquer de manière techniciste.
  • Miguel Benasayag est psychiatre et l’auteur de nombreux essais. Il a notamment travaillé sur les alternatives de l’anti-psychiatrie dans les années 1970, et plus récemment sur la robotisation de l’individu à travers les pratiques "numériques", qui contribuent à la technicisation de la pensée et à la réduction de la personne à une machine complexe. Ses réflexions sont importantes pour comprendre l’ambivalence des pédagogies "alternatives", d’inspiration parfois neuroscientifiques, qui renforcent la pensée techniciste de l’éducation.
  • Gérard Delbet a enseigné, pendant une trentaine d’années, à l’école Vitruve, à Paris. Dans cette école publique autogestionnaire et nourrie de pratiques pédagogiques émancipatrices, il a travaillé avec ses collègues et ses élèves dans un cadre précieux, dont le modèle est analysé à travers le bilan qu’il dresse de son expérience dans Vitruve, rassemblée générale.
  • Gurvan Bricaud, travailleur social, a été animateur, directeur de centres de loisirs centres de vacances et classes de découvertes. Il a travaillé dans plusieurs communes du Val-de-Marne, notamment à Champigny et avec divers organismes d’éducation populaire relevant de l’éducation nouvelle. Devenu formateur, il participe à des travaux sur les pratiques, les réflexions et la formation en pédagogie sociale. Il a récemment fondé l’association d’éducation populaire et de pédagogie sociale "Tous les maquis" et il nous fera part de son expérience de l’éducation populaire, de ce qu’elle peut apporter à l’éducation, des pratiques émancipatrices qui peuvent s’y mettre en place.
    Militant à la CNT, il apportera quelques éléments de réflexions sur ce que peut apporter le syndicalisme révolutionnaire et l’anarcho-syndicalisme dans la lutte contre le libéralisme de l’école.

Le but de cette journée est de partager une réflexion et de se doter d’outils de lutte contre les offensives libérales et leurs masques alternatifs dans nos pédagogies, en parallèle des luttes dans nos établissements. Si les intervenants, par leurs expériences et leurs réflexions, en France et à l’étranger, viennent nous y aider, chacune de ces interventions sera suivie de discussions et de partages d’expériences. Nul besoin d’être enseignant pour avoir une idée sur le sujet, encore moins spécialiste de sciences de l’éducation : nous cherchons, ensemble, à construire ce que pourrait être une école réellement émancipatrice.

L’entrée est libre, un repas est prévu vers 12h30 à prix libre, les enfants sont non seulement autorisés, mais bienvenus, tant il serait absurde de parler d’éducation sans laisser de place aux enfants. Des activités seront organisées pour ceux qui le désirent.

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