Samedi 17 octobre, à Nanterre, nous marcherons contre l’oubli. L’oubli du massacre du 17 octobre 1961, des centaines d’Algériens, et parmi eux des nombreux Nanterriens, jetés à la Seine, assassinés par la police aux ordres de son préfet à Paris, un certain Maurice Papon. La République colonialiste appliquait ces jours-là en métropole la terreur coloniale vécue depuis des décennies en Algérie.
Contre l’oubli de la violence sociale et politique quotidienne aussi dans les bidonvilles de Nanterre et d’ailleurs.
Mais le 17 octobre, nous marcherons aussi dix ans après la mort de Zyed et Bouna, morts « pour rien » un 26 octobre 2005 pour avoir tenté d’échapper à un contrôle de police à Clichy-sous-Bois. Contre l’oubli des centaines de morts depuis ce 17 octobre 1961, contre une exception qui continue de tuer dans les quartiers et à Nanterre : d’Alain Khetib à la prison de Fleury en 1975 à Jamal de Gennevilliers à la Maison d’arrêt de Nanterre en 2012, d’Abdennbi Guémiah à la cité de transit Gutenberg tué par un voisin raciste en 1982 au jeune boxeur de Nanterre, Ben, en 2011 ou encore Mamadou Marega, achevé à quelques pas du Petit Nanterre à coups de taser une fois immobilisé dans un ascenseur.
D’hier à aujourd’hui, des bidonvilles aux cités… Ce 17 octobre, nous marcherons contre une même hagra policière au service d’un même ordre économique : fait de violences sociales permanentes dans les cités et les classes populaires, bien avant la « crise » de 2008, et légitimées par des pratiques d’exception et une stigmatisation permanente, hier pour les « Français Musulmans d’Algérie », aujourd’hui les Musulmans tout court. Semer la division dans les classes populaires pour prolonger et rendre acceptable un système ségrégationniste, inégalitaire, mettant à l’écart les plus pauvres, les « étrangers », enfermant à ciel ouvert ou en institution, imposant la solitude ou la détresse face à une justice réglée d’avance. Nous n’oublions pas que les exceptions deviennent, à force de répétition, la norme, et qu’elles créent un sentiment d’abandon pour les familles isolées face aux drames et à une justice qui, au final, acquitte les meurtriers. Surtout s’ils sont policiers.
Nous n’oublions pas qu’il s’agit de briser les résistances, de soumettre par un ordre policier les populations placées du mauvais côté de la balance économique, celle qui s’affiche ouvertement à Nanterre avec l’invasion du quartier d’affaires à deux pas de l’avenue Pablo Picasso.
Si nous marcherons ce 17 octobre contre l’oubli, c’est donc aussi contre celui des raisons politiques qui gouvernent ces pratiques : avant de massacrer les Algériens à Paris, l’intouchable préfet Maurice Papon avait fait ses armes en Algérie après avoir participé à la déportation des Juifs depuis la sous-préfecture de Bordeaux. Aujourd’hui encore, l’invasion du Front National dans les médias, l’Etat, les lois, la police, prolonge cet ordre. C’est un même fascisme qui reste à combattre, une même rapacité économique et racialiste appliquée par une même violence d’Etat.
Si nous marchons ce 17 octobre, c’est donc aussi contre l’oubli de la présence, pourtant si visible, du siège du Front National à Nanterre, contre l’oubli par une « gauche solidaire » plus prompte à dégager les campements et bidonvilles sur ses territoires que la verrue d’où prolifèrent tous ces discours anti-étrangers, anti-roms, islamophobes et racistes.
Ce 17 octobre, nous appellerons donc aussi à rejoindre la Marche pour la dignité du 31 octobre à Paris, de Barbès à République, pour en finir avec une urgence qui dure depuis des décennies : celle d’une police qui assassine.
Contre tous ces oublis, parce que seule une riposte sociale et économique d’ampleur, parce que seule l’autodéfense populaire et la solidarité peuvent contraindre ces violences policières et ses logiques en apparence implacables.
La solidarité est notre seule arme !
Résistons ensemble !
Ni oubli ! Ni pardon !
11H - Marché du Chemin de l’île
RER A Nanterre-Ville